Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/468

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généreux, plein d’audace, et nous expliquent la haine que le duc de Savoie, — qui avait fait de vaines tentatives pour le détacher du parti de la ville de Genève, — lui garda, attendant avec impatience une occasion de l’assouvir.

Selon Moreri, Bonnivard, au retour de Rome et pendant un séjour à Turin, aurait été accusé de trahison et se serait sauvé à Genève pour éviter les conséquences de cette affaire, sur laquelle je n’ai rien pu apprendre, sinon qu’elle fut fatale à deux jeunes gens.

On nous peint le prieur de Saint-Victor sous les traits d’un lettré, d’un érudit, d’un homme du monde, aimable, fin, naïf, plein d’abandon, en dehors de l’agitation populaire, ayant peu d’inclination pour Berthelier, pour Hugues et les autres meneurs de la ville, s’adonnant à l’étude, s’abandonnant à la méditation, rassemblant avec amour, dans la retraite, les documents épars de sa chronique de Genève ; ne flattant jamais ses concitoyens, leur disant crument la vérité, fuyant les clubs, plein d’un dévouement réel pour la ville, mais assez peu soucieux de popularité.

« Ne pensez pas, a-t-il écrit, que la réformation de Genève ait été l’œuvre des sages, mais des imprudents du rang desquels je ne me veux exempter, car j’avois vingt-quatre ans et j’étois mené comme les autres par affection plus que par conseil : mais Dieu donna à nos