Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/471

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messire de Vaulruz, avec lequel j’avais grande familiarité, et à l’abbé de Montheron qui était né mon sujet. Ils me promirent de me mener en habit dissimulé de moine jusques à Montheron et de là à Échallens, qui appartient à MM. de Berne et de Fribourg. Mais arrivé à Montheron, au lieu de me faire accompagner à Échallens, ils me mirent sous bonne garde, me menacèrent de me faire mourir et me forcèrent à renoncer à mon bénéfice. »

Ces deux misérables livrèrent ensuite Bonnivard au duc de Savoie, qui le fit enfermer dans le château-fort de Grolée ; l’abbé prit possession du prieuré de Saint-Victor, objet de sa convoitise, et paya une pension de deux cents livres à son complice.

Cette première captivité dura deux ans.

Rendu à la liberté, Bonnivard trouva son couvent occupé par un certain Tournebonne, parent du déloyal abbé de Montheron qui venait de mourir ; mais bientôt profitant de l’espèce d’anarchie dans laquelle se trouvait le monde catholique par suite de la prise de Rome par le connétable de Bourbon, il obtint de son ami Pierre de la Baûme, évêque de Genève, la restitution du bénéfice dont on l’avait si iniquement dépouillé.

Cependant notre prieur n’était pas au bout de ses tribulations, les biens du prieuré consistaient en domaines, comme je l’ai dit, et pour les conserver il fallait de-