Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/499

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fusion, un encombrement extraordinaire, dont on ne peut se faire une juste idée ; les voyageurs campent et bivouaquent partout, les bâtiments de toutes espèces, les fours, les granges, les fenils, les bûchers, les poulaillers sont transformés en chambres à coucher. Quatre ou cinq mille places sur les estrades, les gradins et les échafauds de la place du marché se louent quatre francs cinquante centimes, — prix assez modéré du reste. — Quelle jubilation ! quelle bonne aubaine pour les citadins !

Voici l’origine de cette splendide solennité qui n’a sa pareille nulle part, que je sache, et jouit d’une réputation tout-à-fait méritée :

Il paraît que les Grecs avaient introduit dans ce pays leurs processions-pantomimes, — chants, danses, représentations scéniques, — qui continuèrent d’être célébrées pendant toute la période de la domination romaine. Au moyen-âge, les moines du couvent de Haut-Crêt et d’Hauterive, situés dans le Jorat, aux sources de la Broye, achevèrent, dit-on, de défricher les pentes de La Vaux ; voulant encourager les vignerons, les stimuler dans leurs travaux, ils prirent l’habitude de les rassembler chaque année à Vévey, au temps des vendanges. Une belle procession mêlée de chants sacrés et profanes en patois, de choses chrétiennes et païennes, était faite, les agriculteurs y figuraient portant des instruments aratoires, des emblèmes, ou décorés de dis-