Page:Alfred de Vigny - Cinq-Mars, Lévy, 1863.djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
M. Des Noyers à Son Éminence.


Paris, le 1er  juillet.

Sa Majesté est échauffée plus que jamais contre M. le Grand, car elle a sceu que, durant sa maladie, ce misérable, que M. le premier président nomme fort bien le perfide public, avoit dit du Roy :

— Il traînera encore !




Rien n’est oublié pour irriter Louis XIII, quoiqu’il nous soit difficile de sentir le sel du bon mot du premier président.

Le même homme (Des Noyers) écrit encore le 1er  juillet 1642, de Pierrelatte :

Sa Majesté continue dans de très-grandes démonstrations d’amour pour Monseigneur, et dans une exécration non pareille pour ce malheureux perfide public.

Ainsi le bulletin de la colère royale est envoyé au Cardinal heure par heure, et l’on a soin que la fièvre ne cesse pas. Les parents des deux jeunes gens veulent supplier, on les arrête. M. de Chavigny écrit le 3 juillet 1642 :

L’abbé d’Effiat et l’abbé de Thou venoient trouver le Roy, à ce qu’on nous avoit assuré. Sa Majesté a trouvé bon qu’on envoyast au-devant d’eux pour leur commander de se retirer.




La correspondance est pressante. Le lendemain (4 juillet 1642), le Cardinal écrit de Tarascon :

Les énigmes les plus obscures commencent à s’expliquer : le perfide public confessant, au lieu où il est, qu’il a eu de mauvais desseins contre la personne de M. le Cardinal, mais qu’il n’en a point eu que le Roy n’y ait consenti ; le mal est que la liberté qu’il a eue jusques à présent de se promener deux fois le jour, fait que ce discours commence d’être bien espandu en cette province, ce qui peut faire beaucoup de mauvais effets.