Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
CYBÈLE

constater bien des changements, admirer d’étonnants progrès, observer des usages inconnus de mon pays, ou plutôt de mon temps, de mon époque, car je m’habitue de plus en plus à me considérer ici comme un revenant du temps passé. Mais enfin la différence n’est pas aussi énorme qu’on pourrait se l’imaginer : vous travaillez, vous bâtissez, vous trafiquez, vous vivez en somme à peu près comme nous autres.

— Hé ! croyez-vous que les habitants de Memphis et de Babylone différassent beaucoup plus des hommes de votre temps à vous ? Les hommes sont toujours les hommes. Les mêmes besoins, les mêmes mobiles, les mêmes fatalités de la nature font de la vie individuelle une évolution qui se renouvelle indéfiniment. Les inventions, les découvertes, les progrès intellectuels augmentent, il est vrai, toujours davantage le capital moral et matériel de la société où l’existence devient de plus en plus facile et les mœurs de moins en moins barbares ; mais le fond même de l’humanité ne change pas si vite. L’esprit et le cœur se retrouvent à peu près identiques à toutes les époques de l’histoire. Le vieil Homère est aussi vrai aujourd’hui encore qu’il l’était de son temps et du vôtre. Virgile, Lamartine et Hugo sont encore de nos poètes parce qu’ils ont donné la note profonde et juste, l’expression naturelle de l’âme