Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
CYBÈLE

certain degré de l’humanité cybeléenne, tandis que les animaux domestiques dont la destinée est de servir de pâture ont vu au contraire s’atrophier de plus en plus complètement une intelligence oisive devenue inutile. Tout est alors pour le mieux. L’âme végétative en quelque sorte des bœufs, des moutons, des poules, apitoie moins sur le triste sort de ces animaux. Mais quant à nos auxiliaires, à nos compagnons de peines et de plaisirs, ils ont de plus en plus acquis des droits à nos égards, et ils méritent la protection de nos lois, qui s’étend jusqu’à eux et punit de meurtre de ces frères inférieurs. La distance morale s’est rapprochée entre nous et eux, et nous leur devons d’autant plus d’affection que l’attachement de ces dévoués serviteurs s’est élevé à un degré inconnu de votre temps. Dans l’effort de ces pauvres cerveaux sortant à peine des ténèbres, il y a déjà une véritable notion de culte, et c’est l’homme qu’ils révèrent comme un dieu. Aussi ne voit-on plus maintenant de bêtes de somme maltraitées comme autrefois ; il y a des machines d’ailleurs qui les remplacent avantageusement. Des serviteurs intelligents, des amis dévoués jusqu’à la mort, voilà ce que sont nos chiens, nos chevaux, nos singes. Dans bien des maisons vous rencontrerez de ces derniers animaux remplissant toutes les fonctions de valets bien appris, car de domestiques au