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CYBÈLE

À vrai dire, si la chose n’avait partant dépendu que de lui, la nouvelle France eût compté un ménage de plus, mais la seule femme qu’il eût aimée avait encore moins qu’Alcor la vocation du mariage, et cette femme c’était Néa.

Ce n’était pas non plus que cet exemple de renoncement fût une chose nouvelle dans le monde. Il n’a jamais manqué de femmes réfractaires au joug de l’hyménée, mais tandis que presque toujours la faute en était à l’amour lui-même qui s’embrouillait dans son jeu et laissait souvent les plus méritantes se tenir à l’écart parce qu’elles n’étaient pas servies selon leur cœur, ici l’amour était moins coupable comme nous venons de le voir. Dans la généralité des cas, des causes plus hautes restreignaient son domaine, donnaient au verger humain nombre de fleurs infécondes et c’étaient même les plus belles de ces fleurs, celles dont l’épanouissement avait absorbé les propres réserves de l’avenir, qui cessaient de donner des fruits.

Deux natures aussi bien douées que l’étaient Alcor et Néa, rapprochées par les circonstances de la vie, et ayant pu par conséquent se bien connaître et apprécier, n’avaient pu rester indifférentes l’une à l’autre. Entre elles s’était établie une douce et solide liaison qui était un peu plus que de l’amitié et un peu moins que de l’amour, une de ces unions