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CYBÈLE

tout à fait méconnus ; mais tandis que lors de leurs premières ébauches, ces caractères étaient à peine soupçonnés, ils s’étaient depuis affermis et complétés, et chacun comprenait et sentait bien à quel point il n’était qu’une des unités composantes de tel ou tel organe du grand être national qui englobait tous les citoyens d’un même État. C’était une réalité effective et tangible et non plus la vague tendance qui laissait jadis le champ libre à tant d’interprétations plus ou moins perspicaces.

Déjà, devançant ce lointain avenir, l’on avait vu autrefois la louable tentative des Saint-Simoniens prétendant fournir l’exemple d’une communauté parfaite dont chaque membre devait remplir la fonction collective qui cadrait le mieux avec ses dispositions naturelles, mais l’erreur de ces hâtifs précurseurs était, d’abord de méconnaître leur époque, puis de dépasser le but entrevu, par un trop complet effacement de la personnalité humaine, laquelle veut se maintenir entière avec sa vie propre et individuelle, même lorsqu’elle s’adapte le plus parfaitement possible au rôle qui lui revient dans l’existence tout autre et toute différente du grand organisme social.

Certes, lorsque de son côté un Fourier poursuivait son idée phalanstérienne et déterminait, lui aussi, la place et le rôle précis qui revenaient à chacun