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CYBÈLE

férable à cette paix bismarckienne pire que la guerre et la défaite même. Il fallait donc, coûte que coûte, un aboutissement, et puisque la France ne se laissait plus compromettre imprudemment, le premier prétexte venu devait servir pour assaillir la France.

Et c’est ce qui serait bientôt arrivé, si de l’autre côté de l’Europe un puissant souverain aux desseins vastes et nobles, n’avait pas en ces conjonctures pris une attitude des plus inquiétantes pour les alliés. Le danger qui surgissait à l’est assagit tout à coup ceux qui peu auparavant se fussent délibérément rués à l’ouest, et, durant de longues années encore, les millions de soldats continuèrent l’arme au bras, d’appauvrir et d’énerver les nations dont aucune n’osait plus prendre la terrible responsabilité de donner la première la parole au canon.

Mais pas plus qu’un ciel saturé d’électricité sans issue ne peut durer sans qu’éclate enfin le tonnerre, une situation politique aussi orageuse que l’était celle de l’Europe ne pouvait se détendre sans explosion, et, fatalement, par Inéluctable nécessité, il allait suffire de la moindre étincelle pour déchaîner une conflagration effroyable. Sans même qu’eût apparu encore la cause déterminante universellement pressentie et redoutée, et comme aux heures qui précèdent l’orage, un sombre pressentiment,