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CYBÈLE

une muette angoisse tenait les peuples en haleine et faisait comme un grand silence de tous côtes. La vie publique semblait suspendue sans qu’on sût pourquoi, les regards se portaient anxieusement vers les frontières, et aucun français ne fut surpris lorsque soudain de hâtives dépêches apprirent à tous que la France avait la guerre parce qu’un petit prince avait pris les armes dans les Balkans et que du même coup sur les frontières orientales de l’Autriche et de l’Allemagne, ces deux puissances se trouvaient aux prises avec la Russie. Ce fut d’un bout à l’autre du pays comme une secousse électrique. Chacun se trouva debout et prêt à marcher.

— Assez, assez ! s’écria Marius en se redressant le regard en feu, laissez-moi ! Je sens que ma place n’est plus ici !

— Du calme, mon bouillant ami, du calme ! Oubliez-vous déjà qu’il s’agit d’une histoire vieille de six mille ans ?

Et se frappant le front, le jeune homme se rassit buvant pour ainsi dire les paroles d’Alcor qui relatait brièvement le fait resté mémorable de l’écrasement final des puissances centrales prises entre la double avalanche des armées russes et françaises renversant tout devant elles jusqu’à ce qu’elles vinssent fraterniser au cœur même du pays ennemi.

Là se conclut alors, s’imposa à l’Europe entière