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CYBÈLE

un traité de paix générale comme l’histoire n’en connut jamais de plus grand et de plus beau : S’élevant au-dessus de toutes les colères, de toute ambition étroite, de toute passion humaine, le grand empereur, digne arbitre de la cause de vingt nations, l’allié de la France dont l’âme était à la hauteur de la sienne, convoqua sur l’heure même de la victoire les représentants des puissances admises toutes à faire valoir leurs aspirations et leurs droits, et jeta les bases d’un ordre nouveau.

Pour la première fois dans les fastes du monde, l’on vit un vainqueur tout puissant mettre sa volonté souveraine au service du bien universel ; plus encore, tourner contre lui-même son omnipotence en fondant le gouvernement libéral de ses peuples, et asseoir une paix vraiment durable, non plus sur la force et l’arbitraire, mais sur la justice ; proclamer que l’Europe ne devait plus faire qu’une même famille, que chaque membre de cette famille devait recouvrer l’intégrité de ses frontières naturelles et de ses moyens d’existence, communiquer enfin à tous la noble ardeur qui l’animait lui-même. Jamais congrès n’avait eu pareille tâche à remplir. Les vieux diplomates s’en trouvaient tout désorientés, mais la grande œuvre n’en fut pas moins conduite à très bonne fin malgré quelques résistances inévitables mais impuissantes.