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CYBÈLE

mais je n’ai pas bien compris ce que vous venez de dire.

— Alcor veut parler, intervint Namo, des pensionnaires de ce qu’on appelle l’Hôtel des Endormis où des centaines d’individus soumis au double sommeil téthargique et fakirique, attendent dans leurs alvéoles, soigneusement surveillées, les dates périodiques de leurs réveils temporaires. Ces hommes, dont certains sont âgés de près de mille ans, et qu’une préparation toute spéciale retient dans un état de vie latente d’apparence presque cadavérique, ne sont rendus à l’existence active qu’à de longs intervalles de temps. Ils rentrent alors dans la société, une société toute nouvelle peureux, cela va sans dire, où ils ne trouvent, et pas toujours encore, d’autres liens de famille que des descendants plus ou moins lointains de leur propre postérité.

Mais ils ont retrouvé leur mémoire d’autrefois, leur connaissance des choses et des hommes d’un autre temps, et leur passion pour l’étude des sciences historiques, anthropologiques et sociologiques et après un an ou deux passés à ajouter à leur ancien bagage tout ce que peut leur apprendre le monde renouvelé qui a fait sans eux un assez long chemin ; après avoir repris pied dans une société qui les instruit et qu’à leur tour ils charment par leurs récits d’un autre âge ; après avoir revu des