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CYBÈLE

aux expositions, au lieu de les châtier sévèrement. les éleveurs d’animaux obèses : porcs impotents, bœufs tout en suif, oies, poules et canards hypertrophiés au moyen de traitements barbares. En littérature, ils étaient restés de fervents zolaïstes.

Plus au nord, une autre île contenait des carnivores auxquels un appétit encore plus féroce, mais plus exclusivement tourné du côté du saignant, avait à la longue fait une nature sanguinaire et sauvage, et transformé même certains organes tels que les dents qui étaient toutes devenues de longues dents canines, ce qui les distinguait déjà sensiblement des autres hommes.

Puis il y avait aussi un pays d’agités, descendants fébriles des névrosés d’une autre époque, n’ayant vécu que d’impatience et de surexcitation, toujours en mouvement et follement avides de nouveautés qui cessaient d’être nouvelles avant même que de naître pour avoir été escomptées à l’avance. Ces énervés prenaient à peine le temps d’être enfants, pas du tout celui d’être jeunes, et ils usaient leur vie en quelques années à peine vieillards à vingt ans, décrépits à vingt-cinq. Ils prenaient cependant le temps de mourir.

Et n’avez-vous pas visité de même, répliquait un des interlocuteurs, un certain pays où la fièvre du dollar, en atrophiant toutes les facultés non mon-