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CYBÈLE

prospère de ce doyen des pays civilisés qui rappelait les plus grands noms de l’histoire les Sésostris, les Alexandre, les César, les Napoléon et autres héros postérieurs.

Le mouvement qui, depuis l’époque des premières dynasties, avait reporté de plus en plus vers le nord les foyers de la civilisation égyptienne à travers l’Éthiopie, la Nubie et l’Égypte proprement dite, s’était depuis longtemps reproduit en sens inverse sans rien perdre cette fois de ses conquêtes sur une ingrate nature. Les sables qui s’avançaient jusqu’aux portes du Caire avaient fait place à de beaux jardins, de riches villas, s’étendant bien au-delà des lieux où resplendit autrefois l’antique capitale aux cent portes. Et si quelque miracle impossible eût ressuscité les pieux solitaires de la Thébaïde, ce n’aurait pas été le désert, mais bien de luxuriantes campagnes qui se seraient offertes à leurs regards étonnés. Puis si leur règle ascétique ne s’y fût pas opposée, ils auraient pu apprécier aussi le régime substantiel des nouveaux habitants, et l’arroser même d’un certain cru d’Assouan qui valait bien les anciens vins renommés de l’Égypte des Pharaons.

Le peuple égyptien avait payé cher aux temps passés son initiation à la vie politique. Courbé durant une interminable suite de siècles sous le joug de ses