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CYBÈLE

nètes du système, lesquelles d’ailleurs restaient invisibles pour lui dans le plein jour qui l’éblouissait. À peine s’il eut un moment la vague apparition d’un vaste disque assez rapproché, celui de l’immense Jupiter qui s’enveloppait majestueusement d’épais nuages, comme il sied au dieu du tonnerre qu’il a été pendant si longtemps.

Cependant la clarté même du jour pâlit bientôt graduellement. Le voyageur franchissait les dernières limites du système solaire, limites plus reculées sans doute qu’on ne le croit communément, car au-delà même de Neptune, deux ou trois faces pâles d’indubitables planètes, inconnues de leur sœur terrestre, le croisèrent l’une après l’autre comme de fuyants météores.

Quel courage humain, quel espoir, si tenace fut-il, résisterait dans une telle situation ? Aux preuves d’énergie morale et physique de naguère, succédèrent chez Marius le fatalisme résigné et l’abandon total de soi-même d’un homme qui se voit décidément flambé. Ne venait-il pas de reconnaître tout, là-bas, à l’opposé de sa tête, dans un nimbe peu lumineux mais encore distinct, un petit groupe céleste qu’on eût pu mesurer de la main, et qui représentait pour le malheureux exilé le monde solaire tout entier, ce monde dans un coin duquel il avait été si heureux et où il laissait tout ce qu’il