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CYBÈLE

Namo s’approcha du désespéré et lui prit les mains.

— Je veux être votre ami, lui dit simplement l’excellent jeune homme.

Marius répondit à cette étreinte et leva les yeux sur celui qui lui parlait.

— Numa ! Numa ! dit-il, comme se parlant à lui-même, soit que le souvenir des théories bizarres de son ami lui revint en ce moment à la mémoire, soit à cause de l’impression que produisirent sur lui les traits de Namo.

La surprise même, le merveilleux d’une telle situation fut un heureux dérivatif au coup funeste qui venait de le frapper. Tant de questions se pressaient dans son esprit, qu’il en oublia un peu son chagrin. Se trouver transporté à plusieurs milliers d’années en aval de son temps, au milieu d’un autre monde qui réalisait actuellement un lointain avenir du sien, s’il était vrai que les destinées des deux humanités fussent identiquement les mêmes ainsi que l’affirmait cet étonnant Alcor, n’était-ce pas le plus surprenant des prodiges ? Quel miracle égala jamais celui-là, miracle d’autant plus extraordinaire qu’il restait, après tout, dans une certaine logique et ne dérangeait pas les lois de la nature ! Alors cette mer, ce navire à l’aspect tout nouveau, ces hommes au langage et aux manières étranges, tout cela