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hara-kiri

Tristapattes, se réunissaient au Cancan, dont ils avaient fait leur quartier général.

Ce soir, ayant absorbé beaucoup de bière, ils cherchaient à s’amuser. Et, assis en rond ; ils lançaient à la fille, indifférente, des quolibets, échangeaient entre eux des observations salées, espérant qu’à la fin, lorsqu’ils deviendraient plus entreprenants, elle se mettrait en colère. Alors on rirait !

Sur l’autre banquette, en face, deux jeunes gens causaient : à gauche, un petit, avec un chapeau melon. Son teint cuivré, son nez court ouvert au vent, ses moustaches maigres à gros brins, ses yeux tirés, relevés vers les tempes, dénotaient l’origine orientale. Des piles de soucoupes, devant eux, cliquetaient au moindre choc, contre la table de marbre. Le petit lançait des phrases courtes, puis riait d’un rire silencieux qui lui ridait le visage. Ce qu’il disait l’amusait beaucoup. L’autre, un gros rougeaud, se tordait. L’accent étranger, bizarre, de son voisin, ses intonations particulières, le divertissaient prodigieusement : l’Oriental ne pouvait prononcer les r ; malgré tous ses efforts, c’était toujours un y qui sortait.

Le chapeau melon, comme les autres, regardait la fille au chat :

— Payie que je vais l’embyasser…

— Tu vas te faire gifler.