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brusquement l’audacieux d’un coup de coude et voulut continuer sa lecture. Mais l’autre, enflammé par ce chaud baiser sur les lèvres roses, se rapprocha et, parant les coups, il l’embrassa de nouveau, s’exaltant dans la lutte et égarant sa main sous les jupes.

Furieuse, indignée qu’on voulût la prendre ainsi de force, la fille, lâchant d’un mouvement brusque le livre qui glissa à terre et le chat effrayé, se leva pour se défendre.

— En voilà un sale moricaud !

Les spectateurs, ravis, enthousiasmés, battaient des mains. De tous côtés on accourait. On hurlait des encouragements.

— L’embrassera !

— L’embrassera pas !

— Étonnant, ce lapin-là !

Le petit, échauffé, la tête montée par le bruit, n’en voulait pas démordre. Parant les gifles, garantissant seulement sa tête de la main gauche, il tenait solidement un coin du jupon relevé, et les étudiants émerveillés, allumés, pouvaient voir, sous le fin bas de soie bien tendu, dessinant les formes rondes du mollet et la naissance de la cuisse, la transparence nacrée des chairs.

Alors furieuse, se sentant faiblir, irritée encore par les rires des assistants, elle abandonna tout décorum. Oubliant la tenue et sa belle robe et son chapeau : riche, elle se révéla forte fille des fau-