Page:Allais - À l’œil.djvu/46

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menu comme un grignotement de souris venait de se produire. De temps en temps, ce bruit était scandé par un petit coup sec et rapide. Le même parfum s’était remis à flotter avec plus d’intensité que tout à l’heure.

De nouveau je fis de la lumière et je regardai. Rien d’anormal dans la chambre. Tant que brûla l’allumette, je n’entendis rien, mais elle ne fut pas plutôt éteinte que le petit bruit recommença. Puis, parfois, un bruissement de papier.

En écoutant attentivement, j’arrivai à déterminer la nature du bruit : quelqu’un écrivait chez moi.

Cette fois, j’allumai ma bougie et me levai complètement. Encore une fois le bruit cessa. Sur mon bureau tout me parut en ordre. Essayant de rire moi-même de mon hallucination, je me recouchai. Dès que l’obscurité se relit, la plume fantastique se remit à galoper sur le papier, ne s’interrompant que pour prendre de l’encre.

Fou d’épouvante, je n’osais bouger sous mes couvertures. Puis j’ignore si je perdis connaissance ou si je m’endormis simplement, mais je ne sais pas comment cessa le bruit.

Je dormis lourdement jusqu’au grand jour. À mon réveil, je me souvins, et naturellement