Page:Allais - À l’œil.djvu/64

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Quelques-uns, des ambitieux, vont échouer sur la sellette de la cour d’assises.

Mon petit mecton de lundi dernier était un beau petit mecton à peine au sortir de l’enfance.

Sa casquette s’enfonçait trop sur sa tête, ses pantalons avaient les bords un peu larges.

Son tricot, rayé en large, ne sortait pas de la Chemiserie spéciale du boulevard de Sébastopol.

Un bout de cigarette éteint traînait depuis trop longtemps sur sa lèvre inférieure.

Ce mecton manquait de tenue et peut-être même de sens moral, mais n’empêche que c’était un joli petit mecton.

Il emportait, souvenir de la place du Trône, un cochon en pain d’épice et une représentation en même substance de notre brav’ général Boulanger.

Le cochon était un simple cochon, naïf de formes et non historié.

Notre brav’ général Boulanger, lui, affectait des prétentions à l’art décoratif et compliqué.

Des lignes en sucre polychrome (dont le seul aspect m’inspirait les plus vives coliques) marquaient les grades et les décorations de l’ancien commandant du 13e corps.

Le mecton et moi nous fûmes vite amis.