Page:Allais - À l’œil.djvu/83

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n’ont pas le dreit de prendre deux siaux d’eau à la .

— Non, madame, on n’a pas le droit.

— Mais, bon Dieu de bon Dieu, dites-moi à qui que je fais du tort ?

— C’est la Loi.

Et, las de discuter, le gabelou, d’un coup de pied, renversa les deux seaux.

— Allez-vous-en, ou je vous dresse procès-verbal.

Le Droit ! La Loi ! Procès-verbal ! Césarine ramassa ses seaux vides et rentra chez elle, affolée littéralement de stupeur et de désespoir.

C’est vrai.

On n’a pas le droit d’emprunter deux seaux d’eau à l’océan Atlantique, même pour guérir des petits malades.

Il faut adresser une demande bien en règle à l’Administration des douanes, une autre demande, non moins en règle, aux Ponts et Chaussées.

Au bout de trois mois, si le cas est pressant, on vous autorise.

Si bien que, peu de jours après cette histoire, un douanier assista, vers minuit, à une scène étrange.

Une femme échevelée dégringolait la falaise