Page:Allais - À l’œil.djvu/86

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En moins de temps qu’il n’en faut pour le sténographier, et prenant seulement la peine oiseuse de s’essuyer la bouche à l’aide de sa manche, Marcel accourait, grimpait sur un parapet, plongeait dans la mer, presque basse à ce moment, et sauvait un jeune garçon d’une quinzaine d’années, le propre fils de Mme  Tison, marchande de pommes de terre frites près de la Lieutenance.

Après quoi, le plus simplement du monde, Marcel gagnait son humble logis, afin de s’y changer, non pourtant sans avoir dégusté un seize ou vingt et unième genièvre que lui offrait, enthousiaste, et au nom de l’humanité tout entière, M. Peulevey (Édouard-Jules-Napoléon), le Havrais bien connu.

Ces petits événements se déroulaient un vendredi.

Or, le lundi matin, Marcel se sentant frapper sur l’épaule, se retourna : un gendarme l’invitait à l’accompagner sur l’heure à Pont-Lévêque, cité qui sert à ce district de sous-préfecture.

Bravo ! frappez-vous des mains. Voilà un excellent sous-préfet qui tient à féliciter lui-même notre brave Marcel de son courage et peut-être lui remettre, en attendant mieux, quelque officiel témoignage de satisfaction.