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Au prochain Salon, après avoir consulté un décevant livret, chacun murmurera, un peu troublé :

« Je voudrais bien savoir quelle est cette baronne. »


Et elle a été si contente de son portrait, qu’elle a donné en l’honneur de son peintre un dîner, un grand dîner.

Au commencement du repas, il a bien été un peu gêné dans sa redingote inaccoutumée, mais il s’est remis peu à peu.

Au dessert, s’il avait eu sa pipe, sa bonne pipe, il aurait été tout à fait heureux.

On a servi le café dans la serre, une merveille de serre où l’industrie de l’Orient semble avoir donné rendez-vous à la nature des Tropiques.

Il est tout à fait à son aise maintenant, et il lâche les brides à ses plus joyeux paradoxes que les convives écoutent gravement, avec un rien d’ahurissement.

Puis tout en causant, pendant que la baronne remplit son verre d’un infiniment vieux cognac, il saisit les soucoupes de ses