Page:Allais - À se tordre - histoires chatnoiresques.djvu/46

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flotte au ciel de mon cerveau et qui va passer.

J’entrai au Café du Marché, qui était, dans le temps, mon café de prédilection. Pas un seul des anciens habitués ne s’y trouvait, bien qu’il ne fût pas loin de midi.

Le garçon n’était plus l’ancien garçon. Quant au patron, c’était un nouveau patron, et la patronne aussi, comme de juste.

J’interrogeai :

— Ce n’est donc plus M. Fourquemin qui est ici ?

— Oh ! non, monsieur, depuis trois mois. M. Fourquemin est à l’asile du Bon-Sauveur, et Mme  Fourquemin a pris un petit magasin de mercerie à Dozulé, qui est le pays de ses parents.

— M. Fourquemin est fou ?

— Pas fou furieux, mais tellement maniaque qu’on a été obligé de l’enfermer.

— Quelle manie a-t-il ?

— Oh ! une bien drôle de manie, monsieur. Imaginez-vous qu’il ne peut pas voir un morceau de pain sans en arracher la mie pour en confectionner des petits cochons.

— Qu’est-ce que vous me racontez là ?