Page:Allais - À se tordre - histoires chatnoiresques.djvu/271

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— Parfaitement ! mais de quel opprobre l’humanité ne couvre-t-elle pas ces êtres ingénieux et charmants ! Je reviens à la question. Avez-vous jamais vu un daim se ruiner pour une biche ? Le cochon le plus dévoyé ne peut-il pas se livrer à toutes ses cochonneries sans qu’un de ses confrères, déguisé en sergent de ville ou en huissier, ne vienne lui présenter un mandat d’arrêt ou un billet à ordre !… Dites-le-moi franchement, qui de vous peut se vanter d’avoir assisté au spectacle d’une sarigue tirant un sou de sa poche !

Pas un de nous ne releva le défi.

Laflemme avait décidément raison : l’homme était un animal inférieur.

Le jeune duc Honneau de la Lunerie lui-même semblait écrasé sous l’éloquence documentaire de notre brave ami Laflemme.

Notre brave ami Laflemme n’était pas, comme on pourrait le croire, un paradoxal fantaisiste, un creux théoricien.

À peine au sortir de l’enfance, et même un peu avant, il avait mis en pratique ses théories sur la méprisabilité du travail.

Sa devise favorite était : On n’est pas des