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Naturellement, tout le monde se mit à confectionner des cochons. On se piqua au jeu, et quelques pensionnaires arrivèrent à être d’une jolie force en cet art. L’un de ces messieurs, un nommé Vallée, commis aux contributions indirectes, réussissait particulièrement ce genre d’exercice.

Un soir qu’il ne restait presque plus de mie de pain sur la table, Vallée fit un petit cochon dont la longueur totale, du groin au bout de la queue, ne dépassait pas un centimètre.

Tout le monde admira sans réserve. Seul Jouard haussa respectueusement les épaules en disant :

— Avec la même quantité de mie de pain je me charge d’en faire deux, des cochons.

Et, pétrissant le cochon de Vallée, il en fit deux.

Vallée, un peu vexé, prit les deux cochons et en confectionna trois, tout de suite.

Pendant ce temps, les pensionnaires s’appliquaient, imperturbablement graves, à modeler des cochons minuscules.

Il se faisait tard ; on se quitta.