Page:Allais - En ribouldinguant.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

emmiellée de mon plus lâche sourire, est-ce que…

Et je lui expliquai la situation.

— Mais, comment donc ! acquiesça l’exquise créature.

Je m’installai.

La petite vieille était loquace.

Elle allait voir sa fille et son gendre, récemment installés dans une des meilleures maisons du boulevard de Charonne, maison dans laquelle ils avaient fichtre bien fait trente mille francs de frais.

Nous étions arrivés.

Je voulus payer, ainsi qu’il sied au paladin français.

Mais la petite vieille s’y refusa avec une obstination comique et des raisonnements que je ne m’expliquais point.

Ma foi, n’est-ce pas ?…

Et elle entra dans la maison de sa fille et de son gendre.

Une grande stupeur m’envahit, dès lors.

Cette maison, c’était une maison, — quels termes emploierais-je, grand Dieu ! — c’était une maison de rapid flirt, comme on dit à Francisco.

Je n’en dirai point le numéro, parce que ce serait de cette publicité gratuite dont l’abus déterminerait la mort des quotidiens ; mais je puis vous affirmer que c’était un rude numéro. J’en ai encore plein les yeux !

Cinq minutes et je me trouvais place du Trône.

Bientôt, je rencontrai ma jeune amie, qui descendait, toute rose, des Montagnes-Russes.

Nous n’avions pas cheminé plus d’un hectomètre qu’elle me déclarait que si j’étais venu là pour la raser avec mes observations idiotes, je pouvais parfaitement retourner à l’endroit d’où je venais. Et puis, voilà !

Ce à quoi je répondis, sans plus tarder, qu’elle avait toujours été et qu’elle ne serait jamais qu’une petite grue ; que, d’ailleurs, j’avais depuis longtemps copieusement soupé de sa fiole. Et puis, voilà !

Et nous nous quittâmes sur un froid coup de chapeau de moi, accueilli par un formidable haussement d’épaules de sa part.

Pas plus de voitures pour s’en aller