Page:Allais - Le Boomerang.djvu/59

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l’air comme ça d’être garçon de café, comme les autres, pas du tout ! Tel que vous me voyez (se redressant), je suis artiste lyrique.

— Artiste lyrique !… Étrange combinaison !

— Ah ! mon pauvre monsieur, c’est une bien triste histoire ! Et si vous aviez une minute ?

— Une minute ! Il me demande si j’ai une minute ! Mais j’en ai cent, j’en ai mille, des minutes ! Je n’ai que de ça ! Contez-moi votre histoire, mon ami. Vous commencez déjà à m’intéresser.

— Voici. Et vous allez voir qu’il n’y a pas que vous de malheureux sur la terre.

— La société est mal faite.

— À qui le dites-vous ?

— Enfin !… Tâchons de nous faire une raison.

— Imaginez-vous qu’il y a quelques années, je venais de débuter dans un petit restaurant près de l’Opéra-Comique, l’ancien, vous savez…

— Oui, celui qui a déjà brûlé.

— Précisément… Alors, un beau jour,