Page:Allais - Le Captain Cap.djvu/186

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Seulement, dame, pour les rimes, Tony n’y allait pas de main morte.

Non satisfait de les accoupler, ces rimes d’or, il les — si j’ose inaugurer ce terme — attriplait.

(Je ne veux pas dire que Tony inventa ce mode, — d’autres l’employaient depuis longtemps, — mais, lui, l’appliqua dans toute sa rigueur.)

Au bout de fort peu de temps, Tom Hatt m’apportait un petit poème qui débutait par ce curieux tercet :

Dans les environs d’Aigues-
Mortes, sont des ciguës
Auxquelles tu te ligues.

Etc., etc.

— Mais, mon pauvre ami, ne pus-je m’empêcher de m’écrier, ça ne rime pas !

— Je le sais déjà, répondit Tom, Tony me l’a dit.

— Qu’en peut-il savoir, lui, sourd ?

— C’est avec ses yeux qu’il l’a vu, mon cher. Il m’a reproché l’absence de consonne d’appui avant l’i.

— Il a raison.

— Je vais recommencer, voilà tout ! À demain !