Page:Allais - Pas de bile.djvu/63

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Partout autour de lui, Baju voit s’étaler, sur ce quartier perdu de la Poudrière, le grand manteau blanc de la neige épaisse.

Sans compter que ça tombe toujours.

Ah !… quelqu’un, là-bas !… Zut !… ce n’est pas un soldat… c’est un vieux.

Un pauvre vieux qui ne doit pas en mener large, par ce temps-là.

Son grand manteau gris n’a pas l’air cossu, et ses beaux cheveux d’argent ne valent pas un bon capuchon.

Encore tout attendri par la vision du pays, le clocher, la mère, les petites sœurs, Baju sent son cœur inondé de tendresse et de pitié.

— Entrez là-dedans, mon vieux bonhomme, vous serez mieux que sous la neige.

Et, se dépouillant de son manteau de guérite, il en couvre l’homme âgé, qui le remercie d’une voix grave et douce.

Baju, lui, piétine dans la neige froide,