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Cet état de choses avait lieu d’étonner les Anglais, dont l’île ne renferme pas plus de 600 familles nobles, possédant tout le sol du Royaume-Uni.

Mais en France, nous glissons sur la même pente que l’Allemagne et ces dernières années encore le nombre des parcelles s’est considérablement accru. Le remède radical à opposer à un état aussi fâcheux, serait de régler la succession des héritages. Il faudrait que les propriétés deviennent infracturables et passent ainsi entières, intactes et sans dettes, du père au fils.

Que l’on se hâte d’arrêter ce débordement et plusieurs millions de plus chaque année, seront le prix de ce grand travail dont le salut des populations agricoles dépend.

Tant qu’on différera l’application du remède, on verra les populations rurales marcher vers leur désorganisation. Elles seront bientôt paralysées dans toutes leurs opérations, les progrès deviendront impossibles pour toute la petite culture, parce que le morcellement ne permettra plus l’adoption des cultures fourragères et la nourriture du bétail à l’étable, qui est la base d’une agriculture prospère. Sous le régime actuel, alors que le morcellement prend des proportions fabuleuses, les propriétés se réduiront en poussière, la plupart d’entr’elles, ne pourront plus permettre l’emploi d’animaux, pour leur culture. On verra alors la culture à la bêche, aujourd’hui si coûteuse, prédominer ; il n’y aura plus d’élevage, ni d’engraissement d’animaux de boucherie ; on ne produira que peu de fumier. Il faudra renoncer entièrement à la culture, à la production des matières employées par le commerce et l’industrie,