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forces naturelles comme en Angleterre, les ont diminuées ; et, redoutant leur faiblesse sociale, désirant de garder un pouvoir qu’ils craignaient de ne plus retrouver, ils ont fait un monopole du gouvernement, en repoussant dans l’opposition aveugle qui existait d’autres hommes dignes d’agir avec eux ; alors les dangers de la restauration se sont renouvelés.

Certes, M. Thiers et M. Guizot pouvaient en triompher si les affaires eussent été montées autrement : si M. Thiers, gêné comme il est, a signalé son habileté dans toutes les affaires importantes, donné cent millions pour les travaux publics, animé le sol et montré partout qu’un homme de talent agit ; s’il a développé tant de mérites divers, une éloquence vraiment parlementaire, un caractère plein d’humanité, des idées élevées et universelles, que n’eût-il pas fait avec plus d’autorité, des richesses personnelles, une clientelle à lui ; et M. Guizot, qui ose à peine demander vingt mille francs pour le muséum d’histoire naturelle, auquel il faudrait des millions, que de sommes n’eût-il pas données, que de recherches n’eût-il pas fait faire, lui qui disait au Roi dans un rapport : « La destinée de votre gouvernement est de se mettre à la tête de notre civilisation, de satisfaire ces deux grands besoins de notre société moderne : le bien-être et l’intelligence. » Les mêmes hommes avec des circonstances plus fortes feraient la gloire du pays : soutenus d’une aristocratie dotée et privilégiée, de la légion-d’honneur resserrée, et surtout des idées que ces institutions entraînent, ils enchanteraient la nation, braveraient la presse et la calomnie. Une opposition où se trouvent de premiers talens et les caractères les plus honorables, secondée comme eux, les éclairerait au lieu de les égarer, et leur enlevant parfois le pouvoir, on verrait les partis appelés tour à tour à la domination.

Les ministres, au lieu de quitter un rôle amer, n’ont pas craint, renfermant huit lois dans une, d’at-