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hommes capables avaient l’ambition, le goût du pouvoir et des affaires ; leurs parens, leurs fils, traînés après eux avec des forces insuffisantes, n’ont eu que de la vanité, et voilà le partage entre mérite et la médiocrité : à l’un les passions, à l’autre la vanité. Si les grands hommes éprouvèrent ce sentiment, c’était surtout parce qu’ils avaient affaire à la multitude : quand ils ne traitent qu’entr’eux, ils ne comptent que les vrais biens. Partout se retrouve la lutte entre ce qui est moral et matériel, entre ce qui est visible et invisible. L’homme brille par la pensée ; son individualité fait sa gloire ; mais s’il est né pour agir, ses forces se développent par l’action : le pouvoir lui est nécessaire. On ne saurait donc compter pour rien la position d’un homme dans le monde ni sa fortune. Mais, par l’inconvénient des choses humaines, il arrive que la position est comptée bientôt au delà des forces mêmes qui doivent l’employer, que les choses secondaires l’emportent sur les premières, la position, sur le mérite, la médiocrité, sur le talent, et que la vanité domine. Par une influence malheureuse les forts partagent les faiblesses du grand nombre ; les idées fausses et ridicules sont admises. La nature, les religions, la morale, qui agissaient d’après des motifs vrais, sont remplacés par des motifs faux. L’opinion n’est plus ce juste cri du genre humain qui guidait Moïse, Marc-Aurèle, Henri IV, l’opinion c’est la mode ; l’élite sociale, au lieu de penser et juger, devient plus stupide que le village ; le troupeau des hommes ne surit plus d’éternelles lois, mais des lois minutieuses et passagères. Les femmes furent victimes de ces lois : on leur consacra en honneur apparent, auquel elles purent manquer avec gloire sous le joug du mariage, savais que les filles durent respecter. La société riant du préjugé en admit la forme comme une politesse, une convenance, comme le ruban dans telle saison. La vanité est l’ennemie de l’aristocratie naturelle, de la justice et de la vertu.