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et quelques inventeurs, recevant sans doute leurs premières connaissances de la société où ils vivaient, mais s’acquittant à outrance, ont posé les lois, fondé les villes, trouvé les arts. Dans la réaction de la société sur l’homme et de l’homme sur la société, l’homme supérieur seul paie le monde de ce qu’il en reçoit ; le reste prend, accepte et ne répond pas.

La foule, qui n’est propre à rien créer, est propre à s’enchanter de ses chefs : c’est sa seule manière de les payer. Immobile par elle-même, l’éloquence, l’action, la guerre, l’exaltent et la transforment ; prenant vie à la voix d’un homme, elle le suit, le croit, préfère les périls avec lui au repos sans lui ; les vulgaires intérêts sont oubliés par elle pour cette existence passagère et communiquée. C’est surtout chez les nations du midi qu’on est frappé de cette destinée éternelle des uns pour dominer, des autres pour admirer. Un besoin également vif entraîne les talens au pouvoir et les nations à l’enthousiasme.



CHAPITRE XV.


Et qu’on nous permette de le remarquer, quand la vieille société disait : Dieu et mon épée, elle savait bien ce qu’elle disait. La nature est la première origine des pouvoirs, ce qui n’est pas contraire à la souveraineté du peuple ; car la nation possédant les chefs dans son sein, c’est l’ensemble qui est libre et souverain en gardant chacun la place que la nature lui assigne, soit dans la foule, soit à la tête de la société. La nation est souveraine sous cette hiérarchie d’un ordre primitif, ordre qu’on établit d’abord plus ou moins