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les fruits qu’il portait dans son tablier pour son déjeûner, en voyant le christ de Brunelleschi ? Racine, qui, après les plus grands succès, oublie durant des années la scène, et se renferme dans la vie domestique et les soins de la religion, puis reparaît pour faire Esther et Athalie ? Mme Dacier, qui devient, comme Héloïse, éprise de son maître, l’épouse, et passe de longs jours dans le bonheur et l’étude ? Vico, avec sa famille si pauvre, sa fille charmante et adorée, son amour pour l’Italie ? « Ma chère patrie m’a tout refusé, dit-il dans un sonnet, je la respecte et la révère. Utile et sans récompense, j’ai trouvé déjà dans cette pensée une noble consolation. Une mère sévère ne caresse point son fils, ne le presse point sur son sein, et n’en est pas moins honorée. »

D’autres, au pouvoir, nous montrent une vie aussi remplie : Charlemagne, Bacon, Montesquieu, Byron, surent étudier malgré leur fortune. Bacon et Byron payèrent cher la leur pourtant, et Montesquieu disait en quittant Paris : « Je retourne à la Brède pour rester citoyen. » — L’Angleterre, inspirant l’aristocratie par ses institutions, a montré des écrivains dans un haut rang ; mais le plus grand, Shakespeare, était un misérable, quoiqu’on ait voulu rattacher à la gentilhommerie cette gloire royale, et faire descendre César d’un baronnet, pour la joie de la muse, fille du ciel, qui s’est moquée avec les dieux de la grossièreté du nord.