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naient. Quand l’esprit s’élève jusqu’à l’harmonie du monde, jusqu’aux lois générales, jusqu’aux maux qui suivent l’infraction de ces lois, il conçoit la morale comme une vérité ; et, ainsi qu’il faut des proportions, de la convenance, un lien entre les choses pour arriver à un résultat naturel, le penseur adopte ces principes d’action. Il arrive pourtant dans l’ordre moral des accidens qui changent pour un moment la loi, qui font que comme dans l’ordre naturel l’oiseau refait son nid et produit deux fois si on lui ôte sa couvée, ce que Moïse ordonne de faire ; de même Théodoric est empereur par un assassinat, et Cromwell, roi par hypocrisie. Les lumières éloigneront toujours davantage de pareils accidens. Mais les hommes qui employèrent pour construire. destructeurs ne prirent pas leurs actions pour des principes ; ils pratiquèrent le contraire : Theodoric, observant la vertu et la justice, assura la vie des hommes par 40 ans de paix ; Cromwell, cherchant l’ordre, reconstruisit la pairie ; et la première loi que César porta fut contre le luxe des Romains. L’esprit s’est laissé moins corrompre que les actions, et Machiavel lui-même, quand il donna ce code que lui reprochèrent si durement les contemporains qui l’avaient inspiré, Machiavel admit le crime comme moyen, et pas autrement. Des esprits bornés peuvent seuls s’égarer, comme Néron, Commode, Wenceslas, Robespierre, Marat. Il arrive aussi que la loi établie ne remplissant plus son but, l’esprit supérieur y manque et paraît blâmable quand il ne l’est pas. Les penseurs, puisant à d’éternelles sources, arrivent, sans se connaître entre eux, à de mêmes conclusions d’un bout du monde à l’autre, et dans tous les pays et dans tous les âges trouvent les principes dont ils ont besoin pour organiser les sociétés. Libéral comme la nature, l’esprit admet ce qu’elle admet : quand Aristote, frappé de la stupidité