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CHAPITRE XXII.


Ces peuples traitant la politique comme une science ont eu une école pour l’enseigner ; les hommes destinés à s’en occuper étudiaient jeunes sous leur père ; une tradition savante liait le corps choisi : ainsi, Rome, Venise, l’Angleterre. D’autres peuples, plus maîtres et plus jaloux, pensant que le patriotisme, l’esprit public, l’instinct, secondé de l’expérience, suffisaient, ont admis des hommes de tous les rangs : ainsi Athènes, Florence et la France.

Il y a en effet deux belles choses sur la terre : la science, la discipline, l’aristocratie, ce qui porte loin la puissance et la gloire d’un peuple, et l’égalité qui donne à chaque individu sa valeur morale, n’en appelle qu’à lui de lui, et court les chances de la nature ; n’est pas sans raison que la science et l’égalité ont eu leurs partisans ; l’antiquité légua ses querelles aux temps modernes, et la civilisation se divisa sous deux bannières.

Cette démocratie ancienne, qui admettait des esclaves, garde d’ailleurs aux yeux de l’égalité un tort plus grand que n’en commirent jamais les aristocraties modernes. On sait quel était le petit nombre des citoyens, à Athènes, comparé à celui des esclaves : dans le dénombrement qu’on fit sous Périclès, les citoyens n’étaient au nombre que de 14,040.

Des quatre classes où Solon divisa les citoyens d’après leurs possessions, la dernière, composée des mercenaires, ne pouvait avoir aucune charge, mais elle avait droit d’opiner dans les assemblées et les jugemens du peuple, ce qui lui donna beaucoup d’influence. Thémistocle obtint que les archontes pourraient être pris dans le peuple, et plusieurs des pre-