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miers réglemens furent négligés. À bien dire, il semble qu’on n’ait voulu à Athènes ni aristocratie, ni frein, ni gouvernement même, et que l’état eût dû appartenir au plus digne, comme l’héritage d’Alexandre. L’unique chambre de la république (car l’aréopage n’était qu’un tribunal), composé de cinq cents membres d’au moins trente ans, était élue chaque année par les dix tribus de l’Attique et d’Athènes. Bien plus, cette chambre ou ce sénat étant divisé en dix classes, selon les dix tribus, chacune à son tour entretenue aux frais du public, avait la présidence pour trente-cinq jours, sous le nom de Prytanes. Ainsi les Prytanes se renouvelaient tous les trente-cinq jours. Bien plus : les Prytanes, au nombre de cinquante, étaient subdivisés en cinq décuries ; chaque semaine, il y avait une nouvelle décurie, et chaque jour, un nouveau décurion, qui aussi chef du sénat : ainsi, chaque année, un nouveau sénat ; chaque mois, de nouvelles Prytanes ; chaque semaine, une nouvelle décurie ; chaque jour, un nouveau chef du sénat et de l’état ! C’est un gouvernement changé à tout instant, où nul de ceux qui le composent ne domine ni ne paraît.

L’assemblée du peuple, réunie quatre fois durant les trente-cinq jours des Prytanes, avait moins de force encore que le sénat : on donnait aux sénateurs, pour droit de présence, une drachme par jour ; et comme le peuple négligeait de venir aux assemblées, on paya aussi sa présence : on lui donna trois oboles (neuf sous), ce qui fit que les pauvres vinrent à ces assemblées en grand nombre. On voit ici que l’autorité ne peut appartenir ni au sénat ni au peuple, qu’elle ne peut appartenir à la loi : la loi est trop faible : les orateurs, les grands hommes s’empareront du bas peuple dans l’assemblée publique ; ils lui feront décider la paix, la guerre, les impôts, entraînant le consentement du sénat. Ici, quelque chose