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plaça ses dieux sur les montagnes, à la manière des Indiens, sans communiquer sa science au monde comme eux.

Si Moïse emprunta beaucoup aux Égyptiens, qui firent son éducation ; si la Bible peut être regardée comme un extrait de ce que l’homme avait fait de beau et de sublime dans des climats divers, dans l’Inde, en Arabie, en Chaldée, avec le progrès de plusieurs siècles de civilisation et de changemens politiques, cependant les Hébreux ont un caractère particulier qui les distingue entre tous ; à nul peuple Dieu n’avait dit : « Je vous serai Dieu et vous serez mon peuple. » La race d’Égypte, forte et mélancolique, leur donna-t-elle l’exaltation religieuse ? La respirèrent-ils sur cette terre de Syrie, travaillée par des miracles ? Ils eurent une aristocratie sacerdotale et royale, mais Moïse imprima au peuple la direction par ces mots : Dieu vous a choisis. Tandis qu’aux Indes, à Rome (comme depuis à Londres, à Vienne) on fit des castes dont l’origine fut rapportée à la conquête ou perdue, Moïse, en disant : « Dieu vous a choisis, » transporta un même peuple de son temps aux nôtres. La pensée de Moïse est une idée mère, car la civilisation nous mène à vivre, comme les Hébreux, selon les volontés toujours mieux connues de la nature.


CHAPITRE XXIII.


L’Europe, si petite quand on la compare aux autres parties du monde, présente un spectacle qu’on n’avait jamais vu. Tout change. L’empire romain tombe. Ce ne sont plus des peuplades peu nombreuses qui se déplacent comme ces peuplades illustres de