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la lutte qui fut long-temps indécise ; long-temps sous l’égide de cette lourde et robuste société le genre humain prospéra.

L’esprit lui-même, discipliné par la misère à défaut de la vertu antique, prit au sein du peuple des vues universelles et prêta un organe aux masses assujéties. Un nouveau langage, celui de l’humanité et de la passion, se fit entendre dans la philosophie, la littérature, le théâtre, la politique ; on versa des larmes pour ses semblables ; et, chose singulière ! ce fut la philosophie et non la religion qui nous donna les vertus que la religion nous prêchait ; ce fut en abattant en France le christianisme corrompu, que la philosophie proclama les droits de la justice et de la pitié.


CHAPITRE XXIV.


Le monde moderne n’a pas les vertus de l’ancien, l’Olympe, le Portique, le ton poétique et haut de pays qui ignoraient l’industrie ; mais nos vastes monarchies civilisées surpassent le monde ancien par l’humanité, la guerre, la justice et l’égalité.

À la veille d’une crise pour l’Europe, la plus importante qui ait éclaté sur la terre, nous voyons deux nations renouveler dans notre âge ce que l’antiquité connut de plus fameux. Que le spectacle du jour n’attende pas les siècles pour être étudié : si la foule regarde sans comprendre, ne l’imitons pas, et, séparant les événemens importans des autres, plaçons-nous déjà comme la postérité : deux nations, partant de la royauté, sont arrivées, l’une à l’égalité, l’autre à l’aristocratie, avec instinct, lois, plaisirs, préjugés dif-