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vons pas plus nous en détacher que nos pieds ne se détachent du sol ni nos yeux du ciel.

La loi civile, l’ordre moral, conformes à cette base, sont les seuls qui satisfassent l’homme, répondent à son génie et lui fassent mettre ses forces dans une voie.

Observez les idées de la jeunesse : quel enchantement ! Respectons ces inspirations premières. En France, nous lui voyons bien des défauts ; mais comme elle sympathise avec ce qui est beau ! Voici un peuple qui vient de secouer le joug : pense-t-il à lui, à son triomphe ? Non, un cri est jeté à Bruxelles, un autre à Varsovie, un autre aux Alpes. Le Français dit : Marchons, nos frères nous appellent ! Il voulait s’emparer de la Belgique, oui ; mais voulait-il une seule ville de la Pologne, de l’Allemagne et de l’Italie ? Il voulait la justice et la liberté, et le grand homme qui agira avec ces mots et pour ces choses, sera le maître du monde. Une femme qui n’était pas dans nos rangs est venue combattre dans la Vendée ; elle a été héroïque ; elle s’est trouvée enceinte. Eh ! qu’importe ? S’informe-t-on des mœurs des héros ? est-ce par là qu’on les juge ? A-t-on cru qu’une Napolitaine guerrière serait chaste ? est-ce la puissance du Midi ? Elle a été femme hardie, femme complète : elle a été héroïque et mère. Elle combattait pour son fils ; lui reprochera-t-on sa fécondité ? Mais ce fils est roi ? Ainsi la société éteindrait la nature ! Elle était libre : voilà toute la réponse.

Les femmes qui ont défendu la duchesse de Berry ont paru inconséquentes, et ne l’étaient pas. C’est un exemple contre le préjugé, et cette maternité en haut lieu est la plus profitable. Il ne s’agit pas ici d’Henri V ; loin de là, sa mère a secoué un des préjugés sur lesquels il s’appuie. Voilà le reproche de son parti : c’est pourquoi ce n’est pas le nôtre.

Les Français ont des sentimens au dessus de l’a-