Page:Allart - Les Enchantements de Prudence.djvu/72

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Cependant, quelques mots de lui que je me répétais brisaient mon cœur et tout mon être. La pensée d’un tel bonheur, d’une telle gloire, était plus forte que moi, je ne pouvais la supporter. Je croyais rêver ; je cherchais si c’était .bien la vie et le jour. Si, entre tous les souhaits possibles, on m’eût permis d’en faire un seul, si le ciel, voulant me rendre la plus heureuse des mortelles, m’eût permis d’exprimer un vœu, j’eusse demandé d’être aimée de Jérôme.

Je me sentais seulement trop peu d’esprit pour lui, trop peu de valeur ; je me sentais devant lui trop faible et trop timide.

Trois jours de suite il vint me voir, m'interroger en tremblant ; il avait perdu non assurance. Le quatrième jour, il me dit que sa vie s’était élevée et simplifiée, qu’il avait atteint une existence nouvelle et inconnue qu’il ne saurait encore peindre ; alors je sortis de mon silence, et lui appris que ce que j’avais le plus désiré au monde, c’était d’être aimée de lui. Il m’écouta sans rien dire, mais fort ému. J’ajoutai :

— Je crois qu’être aimée de vous doit m’élever à la plus grande hauteur morale où il me soit permis d’atteindre. J'attends de vous le perfectionnement et l’estime de moi-même ; formez-moi pour vous, et je serai tout ce que j’espère.

lime fit répéter deux fois ces paroles ; il parut en éprouver un bonheur profond. Au moment de me quitter, il me dit :

— Vous m’avez dit des paroles que je n’oublierai jamais ; ce jour est sacré pour moi. Cependant, si, dans