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ANTHOLOGIE POÉTIQUE FRANÇAISE
Que rien n’est égal à sa foi ;
Prêchez-moi ses vertus, contez-m’en des merveilles ;
C’est le seul entretien qui plaît à mes oreilles ;
Mais pour en dire mal n’approchez point de moi.


VERS FUNÈBRES

sur la mort de henri le grand

stances

« Enfin l’ire du ciel, et sa fatale envie,
Dont j’avais repoussé tant d’injustes efforts.
Ont détruit ma fortune, et, sans m’ôter la vie
M’ont mis entre les morts.


« Henri, ce grand Henri, que les soins de nature
Avaient fait un miracle aux yeux de l’univers.
Comme un homme vulgaire est dans la sépulture
À la merci des vers.


« Belle âme, beau patron des célestes ouvrages,
Qui fus de mon espoir l’infaillible recours,
Quelle nuit fut pareille aux funestes ombrages
Où tu laisses mes jours !


« C’est bien à tout le monde une commune plaie.
Et le malheur que j’ai chacun l’estime sien ;
Mais en quel autre cœur est la douleur si vraie.
Comme elle est dans le mien ?


« Ta fidèle compagne, aspirant à la gloire
Que son affliction ne se puisse imiter.
Seule de cet ennui me débat la victoire,
Et me la fait quitter.


« L’image de ses pleurs, dont la source féconde
Jamais depuis ta mort ses vaisseaux n’a taris.