Page:Alletz - De la démocratie nouvelle, ou des mœurs et de la puissance des classes moyennes en France - tome II.djvu/226

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voisin de sa ruine, soit que l’une ou l’autre de ces causes le presse d’abord, puisque la seconde va naître infailliblement après. Et remarquons que les destinées de l’homme se poussent si bien les unes les autres, que la violation d’une loi primitive suffit à l’entraîner en dehors de toutes les autres, d’où il suit que comme un bien est attaché au respect de chaque loi, il est rare que, commençant à être malheureux, il ne finisse pas par le devenir tout à fait.

Ainsi, nous avons vu que l’oubli de la modération le mène au vice et à l’impiété, et réciproquement. Or, un peuple dévoré de la fièvre des armes ou perdu dans l’anarchie, et dépourvu, en outre, de tout respect et de toute crainte de Dieu, ne saurait plus jouir des lumières de la science, ni des innocentes distractions des arts ; il est incapable de savourer le charme des affections domestiques ; de sorte qu’il est privé de tout contentement.

La forme actuelle du gouvernement tend à satisfaire avec plénitude notre besoin particulier de puissance sous la forme de liberté intérieure ; c’est donc du côté du devoir et de la foi que l’équilibre doit se chercher. Ce résultat obtenu, toutes nos autres passions légitimes seraient bien vite satisfaites ; et non seulement comme nation, mais encore comme individus,