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iv PREFACE.

on a cru, sans doute, qu’il étoit permis d’orner la vérité, & qu’un style brillant ne la déparoit point.

Il est vrai de dire qu’on ne peut gueres fixer une langue vivante. A mesure que les hommes acquierent des lumieres, il est naturel que l’art de rendre ses pensées, s’étende & se perfectionne ; soit en produisant des mots qui manquoient à la langue, soit en prenant dans une signification plus étendue, ou même nouvelle, certains termes usités. Celui de misérable, par exemple, signisie proprement un homme dans la misere ; pris dans un sens plus étendue, ce terme veut dire mauvais en tout genre, un discours misérable, une conduite misérable, & par une autre extension, misérable, signifie déshonoré, méprisable on dit d’un homme sans honneur, c’est un misérable. Enfin il est rare qu’une pensée neuve à quelques égards, n’ait pas une maniere etre exprimée qui lui soit particuliere.

Les connoissances qui ont eu tour à tour une certaine vogue, ont introduit encore des nouveautés dans la langue. Certains Poètes,