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VII

UN RÊVE


J’ai rêvé tant et plus, mais je n’y entends note.
Pantagruel, livre III.


Il était nuit. Ce furent d’abord, — ainsi j’ai vu, ainsi je raconte, — une abbaye aux murailles lézardées par la lune, — une forêt percée de sentiers tortueux, — et le Morimont[1] grouillant de capes et de chapeaux.

Ce furent ensuite, — ainsi j’ai entendu, ainsi je raconte, — le glas funèbre d’une cloche auquel répondaient les sanglots funèbres d’une cellule, — des cris plaintifs et des rires féroces dont frissonnait chaque feuille le long d’une ramée, — et les prières

  1. C’est à Dijon, de temps immémorial, la place aux exécutions.