Page:Aloysius Bertrand - Gaspard de la nuit, édition 1920.djvu/120

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Mais le grillon ne répondait point encore, et la salamandre éplorée tantôt écoutait si ce n’était point sa voix, tantôt bourdonnait avec la flamme aux changeantes couleurs rose, bleue, rouge, jaune, blanche et violette.

« Il est mort, il est mort, le grillon mon ami ! » Et j’entendais comme des soupirs et des sanglots, tandis que la flamme, livide maintenant, décroissait dans le foyer attristé.

« Il est mort ! Et puisqu’il est mort, je veux mourir ! » Les branches de sarment étaient consumées, la flamme se traîna sur la braise en jetant son adieu à la crémaillère, et la salamandre mourut d’inanition.