Page:Aloysius Bertrand - Gaspard de la nuit, édition 1920.djvu/167

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— Ma mule, répondit un arriéro, a fait un pet dans l’écurie.

— Gavache ! s’écria le brigand, est-ce pour un pet de ta mule que j’arme cette carabine ? Alerte ! alerte ! Une trompette ! voici les dragons jaunes. »

Et soudain, au chocs des pots, aux grincements de la guitare, au rire des servantes, au brouhaha de la foule, succéda un silence à travers lequel eût bourdonné le vol d’une mouche.

Mais ce n’était que la corne d’un vacher. Les arriéros, avant de brider leurs mules pour gagner le large, achevèrent leur outre à moitié bue ; et les bandits, qu’agaçaient en vain les grasses maritornes de la noire hôtellerie, grimpèrent aux soupentes, en bâillant d’ennui, de fatigue et de sommeil.