Page:Aloysius Bertrand - Gaspard de la nuit, édition 1920.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à voir s’accidenter le paysage tranquille d’un coup de vent, d’un rayon de soleil, ou d’une ondée de pluie, le bec-figue et les oisillons des haies se jouer dans la pépinière éparpillée d’ombres et de clartés, les grives accourues de la montagne vendanger la vigne assez haute et touffue pour cacher le cerf de la fable, les corbeaux s’abattre de tous les coins du ciel, en bandes fatiguées, sur la carcasse d’un cheval abandonnée par le pialey[1] dans quelque bas-fond verdoyant ; à écouter les lavandières qui faisaient retentir leur rouillot joyeux au bord de Suzon[2] et l’enfant qui chantait une mélodie plaintive en tournant sous la muraille la roue du cordier. — Tantôt

    s’empara du duché au détriment de l’héritière légitime Marie de Bourgogne, a plus d’une fois tiré contre la ville, qui, il est vrai, lui a bien rendu ses gracieusetés. Aujourd’hui, ses tours chenues servent de retraite à une compagnie de gendarmes.

  1. L’écorcheur de chevaux morts.
  2. Torrent qui parcourait autrefois Dijon à ciel découvert. Ses eaux sont reçues aujourd’hui au pied des remparts dans des canaux voûtés. — Les truites du Val-de-Suzon ont de la renommée en Bourgogne.