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IV

LA BARBE POINTUE



Si l’on n’a la tête levée,
Le poil de la barbe frisé
Et la moustache relevée,


On est des dames méprisé.

Les poésies de d’Assoucy.


Or, c’était fête à la synagogue, ténébreusement étoilée de lampes d’argent, et les rabbins, en robes et en lunettes, baisaient leurs talmuds, marmottant, nasillonnant, crachant ou se mouchant, les uns assis, les autres non.

Et voilà que tout à coup, parmi tant de barbes rondes, ovales, carrées, qui floconnaient, qui frisaient, qui exhalaient ambre et benjoin, fut remarquée une barbe taillée en pointe.